Les droits de l'enfant
 
Le droit à l'éducation     La prise de conscience 
    Le droit à l'éducation 
    Droits civils et sociaux 
    Débats et défis actuels 

L’accès à l’éducation est un des droits fondamentaux de l’enfant, préalable essentiel à l’exercice de ses autres droits. Dans ce domaine, la situation est particulièrement alarmante : dans les pays en développement, 130 millions d’enfants ne sont pas scolarisés, faute de moyens ou d’infrastructures adéquates ; deux tiers d’entre eux sont des filles, victimes de discrimination sexuelle.

   Le droit à l’éducation : un principe
L’article 28 de la convention de 1989 reconnaît à l’enfant le « droit à l’éducation », qui doit notamment se traduire par un « enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ». L’éducation doit viser à « favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques ».
Selon l’esprit de la convention, l’éducation au sens large est préalable à tous les autres droits de l’enfant. Dans les pays en développement, comprendre l’importance de la santé ou de la nutrition  est un gage de développement, en même temps qu’une façon de garantir les autres droits : le droit à la vie, à la santé… Les chiffres apportent la preuve de cette corrélation : là où le taux de scolarisation primaire augmente, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans baisse. L’éducation est aussi le facteur le plus important pour protéger les enfants contre toutes les formes dangereuses et intolérables de travail et d’exploitation.
La plupart des pays en développement ont compris l’importance des politiques éducatives et accordent une place croissante de leur budget à ces politiques. « L’éducation n’est pas un moyen d’échapper à la pauvreté de la nation, a déclaré Julius Nyerere, premier président de la Tanzanie, c’est le seul moyen de combattre la pauvreté. » C’est pourquoi les représentants de 188 gouvernements réunis à Dakar (Sénégal) en avril 2000, à l’occasion du Forum mondial sur l’éducation, se sont entendu sur la notion d’une « éducation de base » devant être accessible à tous.
   Des inégalités criantes
 ©Ph. IGDA - C. Sappa 

Une école élémentaire à Douala, au Cameroun.
Aujourd’hui, malgré l’affirmation de ces grands principes, sur les 625 millions d’enfants de six à onze ans dans le monde, 130 millions ne vont pas à l’école. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs. Dans de nombreux pays en développement, une grande partie des enfants travaille, parfois à plein temps, ce qui leur interdit d’aller en classe. Envoyer un enfant à l’école représente également un coût élevé pour de nombreuses familles des pays pauvres. Dans certaines régions isolées, le manque d’écoles est aussi un problème récurrent. Quant à la qualité de l’enseignement délivré, elle n’est pas toujours satisfaisante : classes surchargées, enseignants mal formés, bâtiments délabrés, manque de fournitures et de manuels scolaires sont autant de facteurs qui handicapent le système scolaire.
C’est en Afrique subsaharienne que la situation est la plus grave. 57 % des enfants seulement vont à l’école primaire. Et parmi les enfants scolarisés, 67 % abandonnent avant la cinquième année, considérée pourtant comme le niveau d’éducation minimale. En Asie du Sud, 88 % des enfants sont inscrits en école primaire mais seuls 59 % atteignent la cinquième année d’études. Dans ces pays, l’accès à l’éducation est également fortement tributaire de la situation sociale et sanitaire ainsi que du contexte général du pays : les guerres  et conflits armés locaux, les épidémies  et le sida sont autant de raisons qui empêchent les enfants de suivre une scolarité normale.

  « Chaque enfant a le droit d’aller à l’école »
 ©Ph. Aide et Action 

Enfant dans une école de Tanzanie soutenue par Aide et Action.
De nombreuses associations humanitaires occidentales, comme Aide et Action en France, mènent des politiques de scolarisation dans les pays en développement. Première association française de parrainage d’écoliers, Aide et Action est présente dans huit pays africains mais aussi en Inde et en Haïti. Son programme, baptisé  Actions Écoles,  repose sur le principe que « chaque enfant a le droit d’aller à l’école ». Il a pour objectif de développer et consolider le système éducatif national, en tenant compte des besoins particuliers des habitants.

Depuis 1981, l’association Aide et Action mène plusieurs programmes en collaboration avec le gouvernement sénégalais. Il s’agit non seulement d’initier la construction d’infrastructures mais aussi de promouvoir la conception de manuels adaptés et d’organiser des formations visant à améliorer la qualité de l’enseignement. Aide et Action travaille à la mise en place de modèles alternatifs d’éducation, incite à l’utilisation des langues nationales telles que le wolof ou le puular (ou peul) dans les écoles sénégalaises et participe à l’alphabétisation  des femmes. Aujourd’hui, au Sénégal, le programme parraine plus de 160 écoles et centres d’éducation dans lesquels 115 000 enfants sont scolarisés.


   La difficile scolarisation des filles
 ©Ph. Aide et Action 

Les travaux domestiques d'une fillette en Inde.
Sur les 130 millions d’enfants non scolarisés, près des deux tiers sont des filles et le Bureau international du travail (BIT) affirme qu’en 1995 plus de la moitié des filles de six à onze ans n’étaient pas scolarisées. Ces dernières sont victimes d’une discrimination sexuelle dans de nombreux pays : la petite fille ne va pas à l’école, car elle est jugée plus utile à la maison, pour aider sa mère dans les tâches ménagères. Et quand elle suit des cours, la fillette se sent isolée, dévalorisée, voire harcelée. Dans ces pays, la discrimination peut d’ailleurs prendre plusieurs formes : infanticide de filles dans les cultures où le petit garçon a plus de valeur, avortement sélectif, violence familiale, négligence quotidienne…

Or l’éducation des filles est un élément capital. Les études menées par les différents organismes internationaux montrent que plus une mère est instruite, plus le taux de mortalité infantile est réduit, que les enfants de mères instruites sont moins souvent malades et mieux nourris, que les enfants de mères instruites (et particulièrement les filles) ont plus de chances d’apprendre à lire et à écrire.

  Le droit à l’éducation dans les pays industrialisés : une réalité ?
Si dans les pays industrialisés, le taux d’inscription dans le primaire est pratiquement de 100 %, d’autres problèmes subsistent, notamment concernant la qualité de l’enseignement. Le taux d’analphabétisme des adultes est préoccupant : il atteint 15 % dans certains pays et dépasse même les 20 % aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Irlande. On constate également que le système éducatif reproduit les inégalités sociales  : les sociologues Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, dans leurs travaux sur l’école française, ont démontré qu’un enfant d’un milieu ouvrier a moins de chances d’entrer dans une grande école  que le fils d’un médecin.
La pauvreté, qui touche un enfant sur 10 dans les pays industrialisés, entraîne une baisse des résultats scolaires et un abandon prématuré des études, l’enfant travaillant pour subvenir aux besoins de sa famille. Face à ces problèmes, les gouvernants ont élaboré des politiques adaptées : ZEP (zone d’éducation prioritaire) en France, programme « Meilleur début, meilleur avenir » au Canada ou « Head Start » aux États-Unis. Les progrès sont significatifs : si un jeune sur deux seulement finissait son cycle d’éducation secondaire dans les années 1960, ils sont plus de deux sur trois aujourd’hui.